Intégrer une citation dans un devoir

 

Commenter un texte suppose de l’expliquer en le citant, et non en le paraphrasant (ce qui revient toujours à le répéter moins bien que l’auteur).

Une citation du texte doit toujours être un exemple caractéristique de ce que l’on affirme sur la pensée ou le style de l’auteur. Il faut s’en servir comme d’un témoignage pour attester (prouver) une déduction que l’on a faite, ou pour illustrer une analyse stylistique.

Mais citer le texte ne suffit pas, il faut encore expliquer ce que la citation a d’intéressant.

La citation doit aussi être intégrée à la réflexion

Une brève citation doit être mentionnée entre guillemets. Si elle est modifiée partiellement, on doit indiquer entre crochets les modifications (sur le pronom, le temps…).

Exemple :

 « J’aime la plus belle des lumières […]. Je la sens venir. »

è Le poète « aime la plus belle des lumières […][il] la sen[t] venir ».

Les suppressions faites dans le texte sont indiquées par trois points de suspension entre crochets […].

Quand on cite un vers en entier, il faut aller à la ligne, de façon à respecter la disposition typographique qu’a choisie le poète. On ne peut pas toucher à la forme sans toucher au fond :

« Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,

   Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. »

Il est possible de marquer la séparation par une barre transversale :

« Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, / Je partirai […] ».

Comment utiliser la citation ? Il existe deux méthodes :

l’une consiste à partir de la citation (dans le cadre d’une progression d’ensemble), l’autre consiste à partir d’une idée générale).

Suivant la première méthode, on cite, on explique la citation, puis on en tire une idée générale (en enchaînant si possible sur un autre paragraphe).

Exemple 1 :

« Le premier vers du poème « A une passante » :

« La rue assourdissante autour de moi hurlait »

esquisse le cadre de la rencontre. [citation] Il s’agit d’un lieu public, la rue, ici personnifiée par le verbe « hurlait ». Au milieu d’une foule de piétons, le poète évoque la rue comme un environnement sonore, ainsi qu’en témoignent le long adjectif à l’hémistiche, « assourdissante », et le verbe « hurlait » qui lui fait écho à la fin du vers. [explication] Le « je » apparaît en rupture complète avec ce décor : les deux hiatus « rue / assourdissante » et « moi / hurlait » créent en effet de rupture dans la prononciation. Cet effet de rupture est encore renforcé par l’opposition entre le monosyllabe « moi » et les mots de plusieurs syllabes qui l’entourent. [idée générale] Ainsi se trouve dessiné un cadre qui suggère la violence et l’isolement du poète, isolement que va briser la rencontre ». [enchaînement avec le paragraphe suivant]


Suivant la seconde méthode, on formule d’abord l’idée générale, on l’illustre par la citation, et on l’interprète, en enchaînant si possible sur un autre paragraphe.

Exemple 2 :

« Le cadre de la rencontre présente un univers ressenti comme violent [formulation de l’idée générale] :

        « La rue assourdissante autour de moi hurlait » [citation]

Les sensations auditives, transcrites par le long adjectif à l’hémistiche (« assourdissante ») et le verbe « hurlait », qui lui fait écho à la rime, suggèrent déjà la brutalité de cet environnement. [illustration de l’idée générale] Le personnage désigné par le pronom monosyllabique « moi » apparaît à la fois oppressé par les masses syllabiques qui l’entourent et en rupture, comme en témoignent les heurts créés par les deux hiatus « rue / assourdissante » et « moi /hurlait » [interprétation]. Loin d’être fondu à la foule, le poète s’y sent étranger, comme y sera étrangère l’apparition qui va survenir. [enchaînement sur un autre paragraphe] »

La citation constitue un outil important du commentaire : elle atteste la présence du texte, met en valeur l’analyse qu’on en fait, et dévoile la maîtrise méthodologique de l’auteur du devoir, autant que sa sensibilité littéraire.

Toute citation, toute illustration faisant intervenir des mots ou expressions doit être intégrée à la phrase. Cette intégration peut se faire de différentes manières :

Le mot ou l’expression cités sont mis en apposition :

Exemple 1 :

Le caractère dramatique de cette rencontre ratée est attesté par le mot « jamais », mis en italique de surcroît.

Exemple 2 :

Baudelaire suggère l’extrême rapidité de cette rencontre en écrivant « Un éclair... puis la nuit ! ».

Des termes importants ou illustratifs sont intégrés à la phrase en une énumération.

Exemple :

Une série d’adjectifs monosyllabiques permet à Baudelaire de dresser le portrait de cette séduisante et altière passante : « longue », « mince », « agile », « noble ».

L’énumération (brève de préférence) est mise entre parenthèses.

Exemple :

D’autres qualificatifs viennent compléter le portrait de cette belle passante (« en grand deuil », « douleur majestueuse », « d'une main fastueuse », « balançant le feston et l'ourlet »).

Quelques formules pour introduire une citation :

Comme le dit Baudelaire…

En écrivant…Baudelaire fait plus que le portrait d’une femme…

Lorsque le poète dit…

La citation suivante montre bien que…

Le passage qui vient d’être cité atteste que…

Cette citation permet de voir que…

Ce court passage permet de se rendre compte que…

Cette citation rend évidente l’idée que…

Quand Baudelaire écrit… il ne veut pas dire autre chose que…

« Plutôt souffrir que mourir » telle est la devise des hommes.

Les verbes introducteurs ne se limitent pas à « dire », « écrire », « montrer ».

Penser à :

Noter, remarquer, déclare, analyser, constater, observer, dénoncer, déplorer, raconter, (se) souvenir, rappeler, conclure, avouer, confesser, exposer, exprimer, juger…

Ces verbes conviennent pour un engagement faible. Pour un engagement plus fort de la part de l’énonciateur on pourra avoir recours à :

Rétorquer, avancer, avertir, réclamer, revendiquer, murmurer, chuchoter, ironiser, persifler, modérer, tempérer, s’exclamer, s’étonner….

Ou encore à :

Ajouter, continuer, poursuivre, reprendre…

D’autre part, il peut être intéressant pour varier son style d’exprimer la même idée en partant d’un substantif et non d’un verbe (nominalisation) :

(La remarque…, la déclaration…, l’analyse…, le constat…, l’observation…, la dénonciation…, la narration…, le souvenir…, le rappel… )


Il faut chercher à intégrer une citation par des moyens souples et élégants, sans recourir à un verbe introducteur. Le nom de l’auteur cité peut alors être renvoyé entre parenthèses, après la citation, ou figurer dans le document. Mais attention à ne pas oublier les guillemets !

Au lieu de :

Pour définir la grandeur paradoxale de l’homme, Pascal a dit : « L’homme est un roseau pensant ».

On peut écrire :

1.

La formule de Pascal « L’homme est un roseau pensant » définit bien la grandeur paradoxale de la condition humaine.

2.

On ne peut nier la grandeur de la condition humaine, définie en une formule paradoxale par Pascal : « L’homme est un roseau pensant ».

3.

La grandeur paradoxale de sa condition fait qu’on peut voir en l’homme un « roseau pensant » (Pascal).


AFFIRMATIONS

VRAI

FAUX

a) La citation est la reproduction exacte de ce qui a été écrit ou dit par un autre: auteur, personnage célèbre, personne dont le témoignage est intéressant.

   

b) La citation est toujours encadrée de guillemets.

   

c) Le « deux-points » est obligatoire pour introduire des énoncés rapportés au discours direct.

   

d) Le nom propre de l'auteur de la citation doit toujours être clairement indiqué.

   

e) La citation est toujours précédée d'une formule introductive qui comporte le verbe « dire » ou « écrire ».

   

f) Il est possible de reformuler une citation longue pour la raccourcir. Dans ce cas on omet les guillemets mais on ne néglige pas de mentionner le nom de l’auteur si on le connaît.

   

Présenter son opinion

Éviter le moi, je pense que au profit de formulations plus discrètes comme il est permis de penser que…

De la même manière, on n’écrira pas : je trouve que ce sujet est sans intérêt mais l’intérêt de ce sujet peut paraître contestable…

Des verbes pour introduire une opinion

Des verbes neutres : dire, penser, croire…

Des verbes valorisants : affirmer, comprendre, poser, admettre, remarquer, démontrer, observer, constater…

Des verbes dévalorisants pour l’opinion d’autrui : soutenir, prétendre, imaginer, s’imaginer…

Des verbes marquant une prise de distance : douter, supposer, se demander si, ne pas savoir si, contester, critiquer…

Des verbes marquant un implication de l’émetteur : envisager, vouloir, espérer, souhaiter, escompter, suggérer, sous-entendre…


Formuler des opinions nuancées

Il existe un certain nombre de procédés qui permettent de formuler une opinion nuancée plutôt qu’une affirmation brutale et catégorique. Ils portent sur tous les aspects de fonctionnement de la langue.

Verbes et locutions verbales :

je crois que c’est faux… Cette opinion semble / paraît / peut paraître fausse.

Locutions modalisatrices :

peut-être, sans doute, en un sens, par exemple, vraisemblablement, d’une certaine façon, d’une certaine mesure…

Le mode conditionnel permet la mise à distance de l’opinion formulée, distance qui peut aller jusqu’au rejet implicite :

Selon certains, la violence serait un phénomène récent…

Tournures interrogatives ou interro-négatives :

Peut-on affirmer que ? Ne peut-on penser que ?…

Tournures négatives à valeur d’antiphrase ou de litote :

Il n’est pas sans intérêt de …

Gradation de noms, verbes ou adjectifs soulignés par un adverbe comme voire, non seulement… mais encore :

Cette idée est contestable voire fausse…

Guillemets qui soulignent une réserve :

Cette « mauvaise action » = cette prétendue mauvaise action.

Tournures concessives plus ou moins étendues : on peut aller de sans doute jusqu’à une subordination complète :

Sans doute le progrès technique est-il indispensable, mais il présente de nombreux dangers, ou : Bien que le progrès technique soit indispensable…

Connotations plus ou moins discrètement positives ou négatives :

La recette à laquelle Alain ramène le bonheur (connotation péjorative) ¹ La conception du bonheur qu’Alain nous propose (neutre).

Naturellement, plusieurs de ces procédés peuvent se combiner :

Peut-être cette opinion pourrait-elle paraître hasardeuse…

Mais il ne faut pas non plus en abuser, car ils alourdiraient à l’excès l’expression et dilueraient la portée argumentative du développement !

Renforcer l’expression d’une opinion

Lorsqu’on souhaite mettre en valeur une opinion ou l’exprimer avec force, on dispose aussi de plusieurs procédés :

Tournures d’insistance : adjectifs, adverbes, locutions diverses…

Il est sûr, il est certain, il est évident, incontestable…, il apparaît clairement que…, il ne fait pas de doute que, il est unanimement reconnu que, de l’avis général, tous admettent que…

Toutes ces formules peuvent elles-mêmes être renforcées par des adverbes d’intensité : tout à fait, très, bien ou des locutions adverbiales comme sans conteste, sans nul doute, naturellement, objectivement…