Ridicule

Film français (1995). Comédie dramatique. Durée : 1h 42mn.

Sortie :
le 14 mai 96 en France
le 27 novembre 96 en Amérique du nord


Le film : Fiche Technique
Production : France 3 - Polygram Films

Réalisation : Patrice Leconte
Les Bronzés, Les Spécialistes, Tandem, Le Mari de la coiffeuse

Scénario : Rémi Waterhouse, Michel Fessler, Eric Vicaut
Photographie : Thierry Arbogast
Musique : Antoine Duhamel
Montage : Joelle Hasche

Casting :
Charles Berling : Ponceludon de Malavoy
Jean Rochefort : Marquis de Bellegarde
Fanny Ardant : Madame de Balyac
Judith Godrèche : Mathilde de Bellegarde
Bernard Giraudeau : L'abbé de Villecourt

Histoire :
La contrée du noble Ponceludon de Malavoy s'inonde et tranforme les champs en marais vaseux et paludéens. Afin de pouvoir financer un complexe ouvrage hydrolique empêchant ce carnage rituel, le jeune noble part naïvement à Versailles pour plaider sa cause auprès du roi.
Simplement, une fois sur place, rien n'est plus difficle que d'atteindre le roi. Et pour passe-droit, il faut savoir user d'esprit. De mots d'esprits. C'est grâce à ce jeu d'apparences, ces faux-semblants plus importants que les vrais sentiments, que l'on peut ouvrir toutes les portes.
De Malavoy l'apprendra à ses dépens, piégé par une Madame de Balyac jalouse et orgueilleuse.

Le metteur en scène : Patrice Leconte
Avant d'intégrer l'IDHEC en 1967, Patrice Leconte a déjà tourné Le Tour du Monde de Monsieur Jones , un film d'animation de douze minutes, alors qu'il n'a à peine que quatorze ans. Ce film est suivi de vingt-six autres courts métrages jusqu'en en 1972. Il s'intéresse à la bande dessinée et rencontre Marcel Gotlib et René Goscinny, à qui il montre ses dessins. Parallèlement à ses réalisations de courts métrages, il collabore au journal "Pilote" en tant qu'auteur et dessinateur de 1970 à 1975.

En 1975, il passe à la mise en scène pour : Les Vécés étaient fermés de l'intérieur avec Coluche et Jean Rochefort, qui sera fidèle au metteur en scène en endossant pour lui sept rôles tout au long de sa carrière.Ce premier film est enfanté dans la douleur en raison d'une méconnaissance parfaite des rapports humains qui ont rendu le tournage explosif, notamment avec Jean Rochefort qui jugea Patrice Leconte "inconséquent".

Par la suite, le cinéaste propose un scénario à l'équipe du Splendid. Le projet n'aboutit pas, mais le Splendid lui propose de porter à l'écran leur pièce :Amours, coquillages et crustacés devenu en 1978 le film Les Bronzés dont le succès est immédiat.Cette comédie est suivie en toute logique par Les Bronzés font du ski un an plus tard. Encouragé par un nouveau triomphe, il co-écrit avec Michel Blanc trois autres comédies, dont Viens chez moi, j'habite chez une copine.

Patrice Leconte quitte temporairement le domaine de l'humour pour tourner en 1984 Les Spécialistes, un film d'aventures et d'action avec Gérard Lanvin et Bernard Giraudeau, commandé par Christian Fechner, le producteur de ses cinq films précédents.

Second changement de registre en 1987 avec Tandem une comédie intimiste avec Jean Rochefort. Enfin il s'adonne à un autre genre, le drame en huis clos avec Monsieur Hire , qui est sélectionné à Cannes en 1989, et Le Mari de la coiffeuse , qui est nominé aux César et obtient ex aequo le Prix Louis-Delluc en 1990. Deux films distribués dans le monde, à l'instar de Ridicule, très grand succès commercial, et nominé à l'Oscar du Meilleur film étranger. Notons que depuis Tandem, Patrice Leconte assure lui-même le cadre de tous ses films parce que, dit-il, "la mise en page des images qui nous trottent dans la tête, est un travail qui est indissociable de la mise en scène pure ou de la conception de la mise en scène".

Dans Une chance sur deux, il réunit deux des plus grandes stars du box-office français : Alain Delon et Jean-Paul Belmondo. Ce film d'action ne recueille pas le succès escompté, mais Patrice Leconte a l'art de rebondir avec La Fille sur le pont, envoutante et singulière invitation au voyage. Il signe enfin La Veuve de Saint-Pierre, un drame amoureux au 19ème siècle. Il quitte le registre de la fresque historique, mais non celui de l'amour avec Félix et Lola. En 2002, il met en scène le mannequin Laetitia Casta dans Rue des plaisirs et Johnny Hallyday dans L' Homme du train, présenté en sélection officielle au Festival de Venise.

L'acteur principal : Charles Berling
Charles Berling a suivi une formation de comédien à l'Insas à Bruxelles. C'est tardivement qu'il entame sa carrière dans le 7e art, s'étant consacré jusque là au théâtre et ne parvenant pas à percer dans le milieu du cinéma. Il fait sa première apparition dans un long métrage avec Meurtres à domicile de Marc Lobet et joue sporadiquement des seconds rôles. Il se retrouve pourtant aux côtés d'Emmanuelle Béart dans Nelly et Monsieur Arnaud de Claude Sautet en 1995.

Mais c'est Ridicule qui va le faire conaître du grand public. Il interprète ensuite la même année l'amoureux de Charlotte Gainsbourg dans Love etc. de Marion Vernoux, se glisse dans la peau d'un chercheur de renom dans Les Palmes de M. Schutz de Claude Pinoteau, et joue un mari frustré dans Nettoyage a sec d'Anne Fontaine en 1997.

Charles Berling semble pris de boulimie en 1998 : il est à l'affiche de L' Ennui qui lui offre un des rôles les plus marquants de sa carrière et une nomination au César du Meilleur acteur, de Fait d'hiver et d'Un pont entre deux rives de Gérard Depardieu . En 2000, il tourne son premier film outre-atlantique sous la direction du canadien Denys Arcand, Stardom . Acteur confirmé, il côtoie l'univers des cinéastes Olivier Assayas pour Les Destinées sentimentales et Demonlover ou Raoul Ruiz dans La Comédie de l'innocence.

Il retrouve Anne Fontaine en 2001 pour Comment j'ai tué mon père et donne la réplique à Karin Viard dans Un jeu d'enfants de Laurent Tuel. En 2002, il fait une apparition dans Filles perdues, cheveux gras et tient tête à Edouard Baer dans Cravate club.

Charles Berling s'intéresse aussi à la réalisation et à la production : avec un court-métrage à son actif, La Cloche, il a fondé sa propre société, HB, qui co-produit trois films courts de sensibilisation à la lutte contre le sida, regroupés sous le tître Un dimanche matin à Marseille et réalisés par Mario Fanfani.


Le XVIII ème siècle en 1996....
Le Cinéma Français a l'habitude des films en costume. De Cyrano à Indochine, de Germinal à Camille Claudel ou Tous les Matins du Monde, la France puise son inspiration dans son Histoire, ses artistes, ses romans...
En 1996, trois films sont apparus, tous d'une qualité louable, extraits d'un même siècle. En dehors de Ridicule qui prend place sous Louis XVI, Beaumarchais et Les Caprices d'un fleuve nous ont illustré les années 1775-1795. De la fin de Louis XV à la guillotine de Robespierre.
Ce choix de la part des producteurs, auteurs ou réalisateurs n'est pas innocent. Les trois films ont d'ailleurs pour ambition de montrer les échos de cette époque pré-révolutionnaire sur notre fin de siècle actuelle.

· Beaumarchais d'Edouard Molinaro avec Fabrice Luchini en tête d'une distribution éblouissante dévoile l'apport d'un homme de lettres à un peuple qui digère les idées de Montesquieu et de Voltaire.
De l'art du divertissement sur la philosophie et la politique d'un pays. Beaumarchais se clot sur une critique acerbe de cette noblesse qui applaudit sa déchéance. Comme les technocrates d'aujourd'hui rigolent devant "Les Guignols de l'Infos" et subventionnent les groupes de rap.

· Les Caprices d'un fleuve est un film de et avec Bernard Giraudeau. Un Homme qui échappe à son schéma, à sa vie, par décision du roi. Un Homme qui en partant en Afrique découvre le vrai sens de la vie, et aussi la futilité des règles et des ordres. Les Caprices d'un fleuve épouse alors les idées des Diderot et autres Rousseau.
Magnifique, contemplatif, métaphorique, ce film soulève alors des problêmes que nous vivons aujourd'hui : le mélange des cultures, le racisme, l'esclavagisme...
Au total ces trois oeuvres ne font pas que nous restituer une époque. Là encore le cinéma pointe de sa caméra les maux de nos vies : par l'image, ils masquent le contemporain (comme à son époque Carné détournait la censure nazie avec la poésie de Prévert). Mais par les mots, ils dévisagent pour nous notre société d'aujourd'hui.